Sophie Schwartz, Alice Clerget, et Lampros Perogamvros, des chercheurs et cliniciens de Genève ont réalisé une expérience passionnante qui vise à améliorer les effets de la RIM. Quand les personnes imaginent et répètent chaque jours le nouveau scénario positif de leur cauchemar (la RIM classique), ils entendent en même temps une note de musique. La nuit, grâce à un bandeau dreem autour de la tête qui détecte les phases de sommeil paradoxal (état où se déroulent les cauchemars), la même note de musique est rejouée. Ainsi par conditionnement, cette note active la mémoire du nouveau scénario. Tout comme le chien de Pavlov (le découvreur du conditionnement) qui apprends à associer un son de clochette à un comportement, tout comme nous pourrions associer le son d'une clochette avec l'évocation de faim à l'idée que l'on nous appelle à table. Tout comme nous pourrions associer une mélodie à un poème que nous apprenons, l'évocation de la mélodie favorise la récupération en mémoire du dit poème. C’est un effet d’amorçage, comme une tâche de rappel indicé. Cette technique, nommée « réaction de la mémoire cible », aide donc la restitution de la mémoire. Dans cette étude, cette équipe de chercheurs ont mis en évidence que cette stratégie améliorait les résultats cliniques de la RIM : encore moins de cauchemars et encore plus de rêves positifs !

Cette étude montre surtout le mécanisme de la RIM : l'incorporation dans les rêves des éléments associés au scénario imaginé à l'état de veille (ie. en journée). La RIM est donc une affaire de mémoire et d’apprentissage. L'hypothèse de la continuité est donc vérifiée : les associations que nous faisons en mémoire la journée s'expriment aussi au cours du sommeil paradoxal.

En revanche, beaucoup de journalistes ont mal interprété les résultats de cette étude : il ne s'agit pas de juste écouter un son en particulier et de l'écouter à nouveau au cours du sommeil pour qu'il y ait moins de cauchemars. Non, cette association sonore fait office d'une piqure de rappel, une aide-mémoire, une sonnette d'alarme pour activer la mémoire du nouveau scénario au cours du sommeil paradoxal. Mais, il faut bien faire la transformation des cauchemars en rêve ! Il faut donc bien suivre la RIM. Il s'agit donc bien d'une amélioration d'une technique thérapeutique qui est déjà très efficace : la RIM et non pas une nouvelle méthode en soi révolutionnaire. Elle n’en reste pas moins prometteuse pour rendre la RIM encore plus efficace. Mais nul besoin d’avoir un bandeau dreem pour suivre la RIM.

La référence scientifique :

Schwartz S, Clerget A, Perogamvros L. Enhancing imagery rehearsal therapy for nightmares with targeted memory reactivation. Curr Biol. 2022 Nov 21;32(22):4808-4816.e4.